PHAREL

bruit de la nuit

LE BRUIT DE LA NUIT

Je considère le néant. Il modèle le monde.

Il est origine, là, tapis dans l’insondable qui sépare l’ombre de la lumière, lorsque le fourmillement du silence se fait visible.

Il est là, qui borde les présences minuscules, consciences innombrables, justes particules, qui ourle de vide ses électrons.

C’est en lui qu’il faut chercher le souffle du vivant : il est le point de bascule universel et fécond.

 

Je veux trouver ces consciences infimes qui créent le bruissement du silence et les pigments de la nuit, celles qui montrent les interstices que seul le néant peut habiter, lorsque les fils du jour nés de la brillance de la lumière et tyrans du monde intelligible, sont rompus par la montée de l’obscurité.

Cernées par l’invisible, elles laissent alors gonfler, éclater, exploser leurs couleurs contenues. Libérées de leurs fils, elles ouvrent sur un univers enrichi de rêves et de nuances, à la réalité plus dense car non lissée, une réalité avec ses failles, qui s’écrit autrement et donne à lire un réel à trous, à pleins, à déliés.

Je crois que le bruit de la nuit est de la même nature que les enveloppes invisibles des fragments du monde.

 

Anne Pharel